En Afrique subsaharienne, où des millions d’habitants ont un faible accès à l’électricité ou le gaz, le bois de chauffe et le charbon de bois sont la principale source d’énergie pour la cuisson des repas, représentant ¾ de sa demande. Aussi dans et autour du Complexe d’Aires Protégées de Binder-Léré au Tchad, les 150 000 personnes qui y vivent dépendent du bois de chauffe pour la cuisson des repas. Cela consiste ainsi en un des facteurs principaux de la déforestation. Face à cette situation, le Gouvernement du Tchad a développé depuis 2021 un partenariat novateur avec Noé sur le long terme, afin de répondre ensemble aux défis de gestion durable des ressources naturelle dans ce complexe avec ses populations riveraines.
Afin d’appuyer les communautés locales dans la réduction de leurs besoins énergétiques, un projet pilote de mise à disposition de 160 foyers améliorés a été initié à Binder, petit centre urbain d’environ 5 000 habitants, privé de réseau électrique ou de gaz. Ces fours artisanaux concentrent la chaleur, permettent une utilisation optimisée et plus économe du bois, et sont adaptés aux types de marmites les plus répandues auprès de la population locale.
Pour se faire, un partenariat a été établi avec un groupement de 39 femmes potières qui habite le village de Berliang, à l’orée du complexe. Elles ont créé une association, et ont pour principale activité la création de poteries pour différents usages : des carafes, des bols, et tout genre de récipient, jusqu’à des jouets pour les enfants. Cela leur permet de compléter les revenus agricoles aléatoires. L’argile dans le passé était disponible dans le village, mais, la pluviométrie souffrant de la crise climatique, elles s’approvisionnent aujourd’hui jusqu’à 3km plus loin. Après concertation avec les représentantes des femmes des quartiers de Binder, et l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER), 65 d’entre elles ont été sélectionnées pour tester ces dispositifs. Elles fourniront un compte-rendu hebdomadaire de constatations sur ce système à l’essai.
Les 160 foyers améliorés ont donc été remis, lors d’une cérémonie en septembre 2022, couplée d’une formation à leur utilisation. Si l’expérience s’avère positive, il est envisagé de l’étendre dans à toute l’aire protégée. En effet, la promotion de ces foyers est une alternative intéressante pour réduire la pression anthropique sur les ressources ligneuses, améliorer le revenu des habitants, la valorisation des savoir-faire locaux, ainsi que la protection de l’habitat de la faune sauvage du Parc National de Zah Soo.