Moins connue du grand public que l’or, la cassitérite, présente dans le parc, est un des minerais les plus précieux au monde. Elle est utilisée pour produire de l’étain, qui est un composant important de nombreux produits tels que l’électronique et les pièces automobiles, la production d’alliages pour des bijoux et d’autres articles. En outre, la cassitérite est également utilisée dans la production de verre et de céramique en raison de son point de fusion élevé.
La République du Congo est un fournisseur majeur, sur le marché global, de ce métal, qui pèse lourd dans l’économie du pays.Il est généralement extrait de gisements alluviaux, qui sont formés par l’érosion du granite dans des dépôts sédimentaires. Ces dépôts peuvent être trouvés dans des ruisseaux, des rivières et d’autres plans d’eau, entre autres, du Parc National de Conkouati-Douli.
Situé au sud-ouest de la République du Congo, à la frontière avec le Gabon, et couvrant une superficie de 504 905 hectares, ce parc abrite 400 espèces de vertébrés, dont plusieurs en voie de disparition, comme la grande faune emblématique de l’Afrique centrale, telle que l’éléphant de forêt, le buffle de forêt, le léopard, le sitatunga, le gorille et le chimpanzé. Les zones humides offrent un refuge aux oiseaux migrateurs, tandis que la grande lagune et ses mangroves abritent des lamantins, des hippopotames, et servent de véritable frayère à de nombreux poissons et espèces marines, notamment les raies et les requins. L’espace marin et son littoral accueillent la tortue luth, le dauphin, et la baleine à bosse.
Ci-dessous : Un site d’extraction de la cassitérite dans le parc
En théorie,l’exploitation de la cassitérite au Congo est réglementée, et toutes les opérations minières doivent suivre des lois environnementales strictes. Le parc, et son cœur en particulier, est classé en « zone intégralement protégée », ce qui signifie que toute activité d’extraction de matière première, de pêche, de chasse et de coupe de bois est illégale.
Néanmoins, sous couvert des permis illégalement fournis par certaines autorités, les exploitations illégales d’or et de cassitérite se poursuivent à l’intérieur du parc. Au total, on a dénombré près de 1000 personnes, majoritairement étrangères (République Démocratique du Congo, Angola, etc.).
Les méthodes artisanales d’extraction de la cassitérite, du coltan et de l’or sont sensiblement les mêmes, et aboutissent à la destruction du sol, du couvert végétal, à l’altération et la pollution des cours d’eau, à la coupe illicite d’arbres, et au braconnage intensif de la faune (armes, pièges, câbles), sans oublier la grande précarité de ces exploitants vivant dans un cadre insalubre. De plus, l’occupation de cette zone centrale du parc depuis plusieurs années, a engendré le mouvement de la faune privée d’habitat, notamment les éléphants, qui fréquentent désormais les zones habitables à la limite du parc, accentuant ainsi les conflits humain/faune.
Ci-dessous : Campement illégal d’exploitants de cassitérite dans le parc
Depuis la signature d’un partenariat entre Noé et le gouvernement du Congo pour la gestion du parc en 2021, l’effort s’est concentré sur la sensibilisation et le dialogue avec les communautés villageoises locales ainsi que le contrôle des voies d’accès.
Pour donner une idée de l’ampleur du phénomène, en novembre 2022 le staff du parc a saisi 430 kgr de ce minerai extrait illégalement en son sein. Pour l’évacuation d’un si grand nombre de personnes, la capacité de protection du parc (environ 30 écogardes) est insuffisante, et, comme cela a été déjà le cas par le passé, une intervention d’une plus grande envergure est nécessaire. Le gouvernement a promis de mobiliser ses forces pour appuyer le parc lors du Conseil d’Administration du parc tenu en avril 2022, mais ceci tarde encore à se concrétiser.