Le Parc National de Zah-Soo, situé au sud-ouest du Tchad dans la province du Mayo-Kebbi Ouest, créé en mars 2022, est issu d’un processus de conversion de la zone cœur de la Réserve de Faune de Binder-Léré et de sa périphérie (nord, sud-est) en zones intégralement protégées. Le renforcement de statut de cette partie de la réserve, encore relativement intacte, a pour objectif de préserver ses services écosystémiques et sa biodiversité, fortement menacés par l’empiètement de l’agriculture et de l’élevage sur environ 60% de sa superficie depuis sa création en 1974.
Autrefois riche en faune, avec des espèces disparues de nos jours (lion, bubale, damalisque), et d’autres proches de l’extinction locale (autruche, girafe Kordofan, buffle, etc.), le Parc National de Zah-Soo a ainsi été mis en place par le gouvernement du Tchad, en vue d’endiguer la disparition, et de restaurer à terme, les écosystèmes soudano-sahéliens. Ces derniers sont capitaux pour les communautés locales face aux changements climatiques, ainsi que pour la restauration du potentiel écologique de cette aire protégée.
Pendant le dernier comptage aérien, effectué par Wings for Conservation, couvrant l’intégralité du parc en 10,9 heures, avec 2 150 km de transects en septembre 2022, près de 23 500 têtes de bétails ont été dénombrées en son sein, réparties en 345 troupeaux, petits et gros ruminants inclus, ainsi que 172 camps nomades.
Le parc ayant une superficie de seulement 81 500 hectares, cette situation n’est pas soutenable.
Bien que la partie centrale du parc soit épargnée en raison de son inaccessibilité (nombreuses y sont les zones inondées par les pluies), le nord et le sud-est font face à une plus forte pression pastorale.
Ci-dessous : La pression pastorale dans le parc (les points rouges indiquant les troupeaux de bétail, les autres la faune)
SOLUTIONS ACTUELLES
Afin de réduire ce phénomène, l’équipe de gestion du parc a recruté 8 agents de prévention et d’information issus des communautés locales. Ils ont pour but d’aller au contact des éleveurs pour les informer de la création de l’aire protégée et de ses limites, et de mieux comprendre leurs motivations, les raisons de la transhumance et les routes utilisées, la manière dont cette filière est structurée sur le territoire (lieux de marchés, etc.) ainsi que les problèmes rencontrés par ces acteurs. Ceci inclut les conflits humain-faune, et, en particulier, les dommages causés par les éléphants, problématique qui augmente proportionnellement à la taille croissante de leur population. Le troupeau principal a en effet été estimé, au cours du survol, à 119 individus avec de nombreux nouveau-nés, témoignant de sa bonne santé.
Ci-dessous : Campement ou « ferrick » dans le parc
SOLUTIONS FUTURES
Parmi les solutions en cours d’étude figurent l’identification des zones de pâturage disponibles hors du parc qui peuvent être exploitées, la facilitation d’un cadre de concertation et de dialogue multi-acteurs, afin de diminuer les risques de conflits, des actions concrètes d’appui à court-terme, comme la vaccination des cheptels et la construction d’infrastructures hydrauliques pastorales (puits, forage, bassins, etc.), ainsi que l’option de clôturer le parc (partiellement ou totalement), permettant de réduire les conflits humain-faune, en particulier avec les pachydermes.