Des changements majeurs se profilent au Niger. Quel sera le sort de la Réserve de Termit et Tin-Toumma, un vaste écosystème désertique s’étendant sur environ 90 000 km2, représentant l’un des derniers sanctuaires de la faune saharienne, actuellement menacé d’extinction?
Aujourd’hui, ce trésor naturel unique est confronté à des risques sérieux. À la suite du changement de gouvernement au Niger le 26 juillet 2023, L’AIDE publique au développement et la coopération internationale envers la réserve, dont la gestion est confiée à l’organisation Noé, ont été brusquement interrompues, privant ainsi la réserve de ses sources de financement.
Ci-dessous : Un jeune addax photographié avec un écogarde
Pourtant, au sein de ce dernier bastion sahélien, subsistent des espèces en voie de disparition, telles que le dernier troupeau sauvage d’addax, comptant une centaine d’individus seulement, l’une des trois dernières populations de gazelles dama, et une diversité impressionnante de carnivores, incluant 12 espèces différentes, parmi lesquelles l’hyène rayée, le loup africain et les derniers guépards du Sahara nigérien. Dans l’ensemble, la réserve abrite 18 espèces de mammifères, dont 3 sont en danger critique d’extinction, 133 espèces d’oiseaux dont 2 sont en danger critique d’extinction, 32 espèces de reptiles, et 101 espèces de plantes.
Ci-dessous : 56 écogardes patrouillent la réserve
Depuis 2020, grâce à notre engagement, la réserve bénéficie de la présence de 56 agents d’État patrouillant sur le terrain, ayant permis l’arrestation de 35 braconniers et la saisie et libération de 117 gazelles dorcas. Les communautés nomades ont également été impliquées dans la gestion de la réserve, ayant accès à des services sociaux de base, avec la vaccination de 290 000 têtes de bétail et la réhabilitation de 5 puits, entre autres réalisations.
Si Noé, responsable de la gestion, ne dispose plus des ressources financières nécessaires, cette biodiversité exceptionnellement adaptée à son environnement désertique risque de subir des dommages irréparables en raison de sa fragilité et de sa rareté.
Cette situation met également en péril l’avenir des communautés nomades, soit 23 000 personnes, particulièrement vulnérables aux changements climatiques et à la dégradation de cet environnement désertique.
Pour atteindre les objectifs énoncés par la Convention sur la diversité biologique de l’ONU en 2020, visant à protéger au moins 30% des zones terrestres et marines de la planète, il est impératif de ne pas laisser pour compte la plus grande réserve d’Afrique.